| Flashback du dimanche 18 mai |
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La France à l'honneur. Deuxième des cinq films hexagonaux en compétition pour la Palme 2003, Swimming pool aura sans conteste été l'événement de la journée cannoise. Très attendu depuis le succès de Huit femmes, François Ozon y retrouve Ludivine Sagnier (déjà présente sur Gouttes d'eau sur pierres brûlantes et Huit femmes) et Charlotte Rampling (Sous le sable) pour un huis clos psychologique qui lui aura permis, selon ses propres dires, de retrouver l'envie de filmer après l'expérience éprouvante de Huit femmes. Une belle montée des marches.
Egalement en compétition, Elephant de Gus Van Sant a, pour sa part, divisé la Croisette. Sujet polémique (une tuerie dans un lycée américain inspirée de celle de Columbine qui avait déjà intrigué Michael Moore dans son Bowling for Columbine, Prix du 55e anniversaire du Festival l'année dernière), traitement original (suivi du parcours d'une dizaine de lycéens lors la journée fatidique par une structure en flashbacks), violence froide et analyse clinique, l'atmosphère est étouffante. Dur, dur.
On respire avec Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet, présenté hors compétition mais en lice pour la Caméra d'or. Ou le retour de l'animation français sur la Croisette, trente ans après le Prix spécial attribué à la Planète sauvage de René Laloux. Humour, poésie et imagination débridée au programme de la folle histoire de Champion, jeune passionné de cyclisme embarqué avec sa grand-mère et son fidèle chien Bruno dans une improbable histoire d'enlèvement, à la rencontre des fameuses "Triplettes de Belleville", artistes de music-hall sur le déclin.
Au programme également : la suite de l'hommage à Maurice Pialat avec la projection en matinée de trois courts métrages du réalisateur présentés par Serge Toubiana et un hommage au cinéma algérien avec la présentation de Chroniques des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina. La journée se termine comme elle avait commencé, auteur d'une piscine pour la soirée Swimming pool réservée aux happy few.
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| Triplettes animées |
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Cannes et l'animation, cela devient une habitude. Après Shrek en compétition officielle en 2001 et Spirit projeté en séance spéciale l'année dernière, le Festival quitte le monde du dessin animé made in the US pour s'attacher aux Triplettes de Belleville, premier long métrage du Français Sylvain Chomet, dessinateur de son état, en lice pour la Caméra d'or ce 18 mai.
Précédé d'une flatteuse réputation et présenté trente ans après La Planète sauvage de René Laloux, dernière animation française en compétition officielle (Prix spécial en 1973), Les Triplettes de Belleville mise sur une animation inhabituelle, avec ses personnages disproportionnés et caricaturaux et sa mise en scène quasi-muette, et pourtant familière car emprunt d'une réelle nostalgie qui ramène à l'enfance, là où toutes les aventures, même les plus folles, était possibles. Cette fois, le héros s'appelle Champion, jeune homme dont la passion pour le cyclisme le mènera, avec sa grand-mère et son fidèle chien Bruno, bien loin de sa chaumière.
Une odyssée improbable, attachante, menée tambour battant avec un humour omniprésent et une véritable poésie, comme seule l'animation semble encore pouvoir en produire.
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| L'Algérie à l'honneur |
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L'Algérie invitée de la salle Bunuel. Le 56e Festival de Cannes accueille dans la soirée du 18 mai un hommage au cinéma algérien avec la projection de Chronique des années de braise, de Mohammed Lakhdar-Hamina, Palme d'or en 1975. Précédée de la montée des marches d'une délégation algérienne avec notamment Mohammed Lakhdar-Hamina et présenté par Thierry Frémaux, le film sera suivi d'un dîner organisé à l'hôtel Carlton. | |
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| Un atelier pour rendre hommage à Maurice Pialat |
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| En complément de la soirée en hommage à Maurice Pialat qui se déroulait hier en présence d'une pléiade de stars, se tenait ce matin un atelier animé par Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque Française. Ce dernier a évoqué le "sentiment communiste du monde", entendu comme "compassion pour l'humanité souffrante", que le cinéaste éprouvait au début de sa carrière.
Cet atelier fut l'occasion de redécouvrir Maurice Pialat à travers trois de ses courts métrages documentaires : L'Amour existe, Prix Lumière 1961, un constat sur la vie banlieusarde (ses petits pavillons, ses bidonvilles et ses grandes cités) au début des années soixante, ainsi que deux petits "films de commande" sur la Turquie et sa capitale Istanbul ("Une très vieille dame dont le nom de jeune fille est Byzance") : Maître Galip (1962) et Aspects de la Turquie hier et aujourd'hui (id.).
La projection de ses courts a été suivie d'un entretien durant lequel plusieurs collaborateurs du cinéaste (le producteur Patrick Grandperret, le chef opérateur Jacques Loiseleux et le monteur Yann Dedet) sont revenus sur le soin que Maurice Pialat apportait au cadrage et à la lumière.
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| "Swimming Pool" : retour au film intimiste pour François Ozon. |
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François Ozon revient à Cannes, cinq ans après y avoir présenté Sitcom à la Semaine de la Critique. Swimming pool, son nouveau long métrage en compétition, est un drame psychologique troublant autour d'une piscine dont l'eau n'est pas si limpide qu'il n'y paraît. Il retrouve pour l'occasion deux de ses comédiennes fétiches. Charlotte Rampling, qu'il avait relancé avec Sous le sable, est une habituée de Cannes. Quant à Ludivine Sagnier, avec laquelle il a déjà travaillé sur Gouttes d'eau sur pierres brûlantes et 8 femmes, elle profite de son passage cannois pour présenter un second film en compétition, La Petite Lili de Claude Miller.
Avec Swimming pool, François Ozon confirme son penchant pour les oeuvres ambiguës et vénéneuses. Il filme avec une pointe de perversité la rencontre de Sarah Morton, écrivain britannique frustrée à la recherche de l'inspiration, et de Julie, jeune femme pleine de vie au passé mystérieux. Débute alors un huis-clos étouffant dans lequel va se nouer une étrange relation, où fantasme et réalité vont s'entrelacer et redonner la flamme de l'écriture à Sarah.
Retour au film minimaliste pour François Ozon. Le cinéaste prend un malin plaisir à brouiller les pistes en signant un thriller pas comme les autres, réflexion sur les affres de la création. Envoûtant, Swimming pool confirme le goût du cinéaste pour la manipulation et son amour des "femmes actrices". | |
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| L'horreur selon Gus Van Sant |
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| Frissons sur la Croisette. Présenté en compétition officielle ce 18 mai, Elephant de Gus Van Sant promet de choquer et sans doute de diviser. Pas de polémique à la Irréversible à attendre cependant, mais une oeuvre clinique, inspirée de la terrible tuerie au lycée de Columbine qui avait coûté la vie à 14 élèves et professeurs en 1999.
Un établissement anonyme, des élèves normaux, une journée comme toutes les autres. Et pourtant. Analyste distant, Gus Van Sant suit une dizaine de lycéens tout au long de la journée mortuaire, suit les interminables couloirs des bâtiments, entrecroise chaque destin tragique, multiplie les flashbacks ou avance dans le temps, fait naître la tension en introduisant le moment fatidique dès les premières bobines de son film et mène une puissante réflexion sur le destin (qui y réchappe et pourquoi).
Interprété par des lycéens de la région de Portland où habite Gus Van Sant, Elephant glace par son jusqu'au-boutisme parfaitement incarné par le terrifiant regard froid des deux jeunes assassins. Dur, mais sans doute nécessaire.
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